Mise à jour le 27 juillet 2011
Doc. 2 AARUA
ETUDE COMPAREE :
LA « CITE JARDIN » DE LA RESIDENCE UNIVERSITAIRE d’ANTONY & LE PROJET MAIRIE ANTONY/ATELIER JEAN NOUVEL

La superposition du projet voulu par les projets de la Mairie d’Antony et de la CAHB sur le bâti actuel permet de dégager les observations suivantes :
Le projet dans sa globalité :
- Le projet ne cherche aucune articulation novatrice avec l’ensemble du bâti existant.
- C’est un projet « table rase » ou presque (comme lorsque, dans l’histoire, la ville vaincue est recouverte par les constructions des vainqueurs) : le concept de ville se construisant par couches sédimentaires successives se nourrissant les unes des autres est réduit à sa plus simple expression en ne laissant subsister que 3 îlots dispersés, isolés les uns des autres, comme de simples vestiges mémoriels.
- La mémoire d’un architecte, la fonction de l’équipement public, l’esprit d’un ensemble architectural exceptionnellement pensé en finesse dans un éventail de structures, lieux, espaces, services, relations, sont dissous et avec eux les objectifs généreux de vie, équilibre, réussite estudiantine et ouverture au monde…(ainsi nombre d’adultes, dont des personnalités politiques du monde entier, des artistes de renom, etc. se sont construits à la RUA et y ont mené à bien leurs études)
- La Fonction de logement social étudiant est détournée au profit d’une sous densification de la RUA et l’accroissement du logement privé, du commerce et de l’administration
- Le nombre et la hauteur des nouvelles constructions proposées par l’atelier Jean Nouvel sont bien les preuves des possibilités d’adjonction de nouvelles structures à la RUA permettant de diversifier les activités utiles à tous sur des terrains « libres » (parkings et jardins), la question fondamentale étant : pourquoi ne pas faire le choix de structures favorisant une dynamique utile aux habitants, à la région et n’hypothéquant pas l’avenir d’une réserve foncière exceptionnelle (par exemple : Ecoles, Crèches, lieux d’Accueil de chercheurs ou de stagiaires, lieu(x) de spectacles …etc.), la présence des étudiants permettant la mise en place en liaison avec la Ville et les établissements scolaires de lieux de soutien scolaire, d’apprentissage des langues, d’expériences et d’échanges par exemple…
- Elles prouvent aussi la vieille détermination locale à substituer les 2/3 détruits des 3000 lits étudiants par l’extension des logements privatifs, objets de rentables opérations immobilières sur ce site encore plus stratégique depuis l'évolution des transports (RER, A86 mais aussi TVM récemment)
Un espace vert anéanti :
- La perspective du jardin paysager intérieur, complètement dédié au public, s’ouvrant de manière continue dans sa descente des hauteurs bucoliques de la butte du bâtiment C jusqu'au bâtiment A et à l'entrée du Parc de Sceaux, est rompue brutalement.
- L'agora arborée devant le A et les locaux collectifs, qui faisait un si beau point final au grand canal du Parc de Sceaux, sera envahi par le bâti.
- L’espace vert sera réduit, parcellisé, émietté et privatisé dans la logique contemporaine de la résidentialisation.
- Le projet recrée une illusion d’un nouvel espace vert, en un tout autre axe à la perpendiculaire, sur les décombres des bâtiments E, F, D et du vaste centre sportif et des terrains de tennis !
- Ainsi on bétonne la verdure et on abat plus loin du bâti pour recréer un « jardin »
Toutefois sur ce dernier, dit « jardin à l'anglaise », côté avenue Léon Blum, et censé répondre aux desiderata d’ « ouverture sur la ville », dont l’objectif est d’offrir une vue aux blocs d’appartements privés en « U », on peut noter qu’elle serait toutefois bloquée dans sa perspective par une « salle polyvalente »… (enterrée sous une nouvelle butte)
Des démolitions et une restructuration de l’espace :
- Butte paysagère, entre les bâtiments F et C, rasée pour être reconstruite juste à coté sous « la ville haute » pour se protéger de la A86 en remplacement du bât C qui remplissait parfaitement cette fonction en faisant obstacle au bruit de la grande circulation. Nb : Seuls le B et 1/4 du C étaient à simple expo sur le parc, le reste, les3/4 du C, étaient à double expo..)
- Recréation d’un « jardin anglais » vers l’avenue Léon Blum sur les ruines de bât E et du centre sportif pour dégager la vue des appartements neufs eux-mêmes occupant le centre du grand parc central et public conçu par Baudouin
- Destruction de la salle de spectacle (Amphithéâtre Marguerite Duras, Foyer étudiant) pour reconstruire une nouvelle salle « polyvalente » ? (Mais Antony ne doit-elle pas déjà construire une maison des associations de 14 salles dont une polyvalente de 200 places ?)
- Réinstallation de 3 « terrains de sports », juste sous les fenêtres des étudiants du pavillon G, pour faire oublier la destruction de tout un vaste centre sportif en parfait état (comprenant terrain de tennis, salle de musculation, salle d’art martiaux, salle de ping pong, salle de handball/basket ball, etc.)
NB : déjà 2 centres sportifs, servant aux écoles, seront rasés a Antony : celui de l’IUFM & celui de la RUA + et les terrains de sports de l’US Métro ont été réduits
- Reprise du chemin piétonnier existant passant sous le D pour accès au parc de Sceaux en lui donnant une dimension gigantesque et impliquant la démolition totale du bâtiment D et de son centre médical pour un nouvel immeuble reprenant le même emplacement avec légère rotation et incurvation
Des barres réinstallées qui envahissent le parc jardin public :
- Renforcement de la double barre de la sous préfecture et des bureaux = un triple mur dévorant la cascade de l’axe du jardin paysager
- Doublage de la barre restante du bâtiment F à la place de la butte de verdure
- Barres au long de l’avenue Galliéni en supprimant les terrains de Tennis
- Enorme double barre enlaçant la nouvelle « voie royale » dite promenade verte
- Etrier enclavant l’extrémité du bâtiment A, lui-même allongé et flanqué d’une tour de 10 étages (pour la réhabilitation du bâtiment A revoir intervention des élus d’opposition à la réunion de la CAHB du 15 octobre 2010 et Antony Hebdo)
Des terrasses végétales pour créer l’illusion :
- Certes elles allègent les volumes des nouvelles constructions mais confèrent aux vues en plongée l’illusion d’un parfait écho au Parc de Sceaux !
- La végétalisation des terrasses donne l’illusion d’une végétalisation générale de la RUA alors qu’en réalité il s’agit d’une densification sans respect des espaces verts existants qui seront réduits, parcellisés et privatisés. Elles auraient pu être une clef pour des articulations subtiles entre le bâti ancien et nouveau si l’option de la conservation de la population étudiante était incluse dans le remodelage des 11 hectares de la zone. Pour un peu on pourrait croire à une poétique intégration au site alors qu’il s’agit d’une nouvelle ville en hauteur et sans les infrastructures qui auraient pu être communes aux étudiants et aux antoniens.
Des destructions « gratuites » :
- Le bât E et le Centre Sportif restent libres de toute contrainte. Ils doivent subsister
- Le bât D et son dispensaire auraient pu être remodelés, et donner lieu à d’intéressantes extensions et réorientations qui en auraient préservé la majeure partie tout en ouvrant des perspectives
- Le centre médical se doit de demeurer au contact de la population étudiante sur place ou voisine, car toute proche de la station Croix de Berny et de la population du quartier, ce qui n’empêche nullement la création d’un autre centre de santé – ou d’un centre annexe - près des Bâconnets.
- Le bât H, de même, pouvait s’articuler au centre de gérontologie qui lui-même pouvait être pensé davantage en extension de la maison de retraite appartenant à la société demandeuse de cette nouvelle structure (qui n’a que peu de choses à voir avec une résidence universitaire…)
- Les nouvelles constructions sur les ruines du bâtiment C devraient inclure un pôle étudiant neuf, ainsi relié, géographiquement et logiquement, dans une vraie perspective de mixité, à l’îlot estudiantin subsistant (bât G + portion du F + H si préservé). La compensation des 548 chambres du bât C broyées l’été 2010, pourrait ainsi débuter sur le terrain… Celle des 342 chambres du B éliminées pour des bureaux inoccupés, en 1986, pourrait sortir des oubliettes
- La « table rase » inclut aussi la disparition de tous les locaux collectifs, sièges de la vie associative, commune, culturelle, des groupes d’Etudes et leur bibliothèque, restaurants universitaire, cafétéria, foyer, des services… alors que c’était là le cœur d’une vie sociale et interactive, servant la réussite et contribuant à l’équilibre physique et psychique des jeunes
- La salle Marguerite Duras existante pourrait aisément être rénovée plutôt que détruite.
Ces lieux d’échange, loin d’être « dépassés », sont plus nécessaires que jamais dans notre dure société individualiste. Pensés et inscrits dans l’espace des bâtis et du site par Eugène Baudouin, tissus vivants des relations et prospectives humaines, ils sont porteurs des maillages indispensables pour le « vivre ensemble » des cités du Futur.
- De nombreux appartements de fonction attachés à chaque pavillon disparaissent :
On peut y voir la volonté de centraliser la gestion en réduisant les postes et d’éloigner les personnels restants des résidants. On ne peut là aussi que regretter les décisions du CROUS!
Une avenue vers le Parc de Sceaux très controversée :
Vieux fantasme de la « voie royale » rêvée par Mr Devedjian, elle s’installe sur un axe piétonnier public existant... qui mène précisément au Parc de Sceaux !
Elle arrache au passage, et sans nécessité, le bâtiment D, la salle de Spectacle Marguerite Duras, l’ex bibliothèque, l’ex restaurant universitaire….
Concrétisée par l’atelier Jean Nouvel, elle devient un « canyon » bordé d’immeubles démarrant à 6 et 7 étages côté Parc de Sceaux.
Elle finit de briser la vaste perspective du « patio/jardin paysager intérieur » de la RUA
Qui disait que les pavillons de la RUA étaient trop grands ?
Une modification de l’occupation au sol à réinventer :
Dans la conception d’Eugène Beaudouin, elle était très réduite et avec de nombreux passages qui la sillonnent dans la Résidence Jean Zay
Les 5000 m² de bureaux installés avec la Sous Préfecture ont brusquement triplé (?) l’utilisation du terrain antérieur par le bâtiment B ! L’intérêt n’est pas de poursuivre dans ce sens en réalisant de plus un double corridor glacé qui vieillira mal !
Le projet de l’atelier Jean Nouvel s’implante largement sans rechercher de transparences ni de légèreté hormis au niveau des terrasses.
Nous mettons en débat une autre proposition :
De véritables créations architecturales de 2 ou 3 constructions en hauteur, ouvrant sur un vaste paysage à 360°, et n’occupant qu’un minimum au sol (par exemple par une architecture sur pilotis), pourraient permettre de mixer une population nouvelle au monde estudiantin, sans diminuer l’offre pour celle-ci, et parier ainsi sur l’avenir.
Sans hypothéquer, ni détourner de manière irréversible un foncier précieux, ces créations -sculptures architecturales légères et écologiques s’inscriraient dans un courant neuf qui prône l’arrêt de l’étalement urbain.
Quelques repères chronologiques :
La Résidence Universitaire Jean Zay d’Antony (architecte Eugène Beaudoin) est la plus grande de France (bâtie en 1955 sur un terrain de 11 hectares).Elle représentait 16% du logement social en Ile-de-France en juin 2010.
En 1976 le bâtiment B est fermé pour travaux… qui ne seront jamais réalisés. Le bâtiment reste vide pendant des années malgré les demandes répétées des étudiants, l’intervention et els propositions conjointes du Maire d’Antony André Aubry et du directeur du CROUS G. Jannot. Les financements, pourtant trouvés, ne sont pas débloqués.
En 1983, M. P. Devedjian devient maire d’Antony et contribue au choix de la démolition du bâtiment B de la résidence en 1986 (342 chambres).
En 1989 un projet de ZAC est lancé par M. Devedjian est son équipe sur le bâtiment C, mais il ne réussira pas.
En 1995, la Ville demande le rachat du Bâtiment G pour le détruire, mais le CROUS s’y oppose.
En 2004, P. Devedjian, alors Ministre des Libertés et responsabilités locales fait voter (loi 2004-809 du 13 Août 2004) le principe du transfert de compétences du logement social étudiant vers les collectivités territoriales (qui le demanderaient …). La Communauté d’agglomération des Hauts de Bièvre (créée par P. Devedjian), seule collectivité territoriale à faire cette démarche, demande et obtient (après quelques difficultés) le transfert de la compétences concernant la RUA, que détenait le CROUS (qui devient simple gestionnaire, tout en continuant à rembourser les emprunts).
En août 2010, la CAHB démolit le bâtiment C (548 chambres + l'école maternelle Jean Zay), l’ancienne crèche du bâtiment G et le pavillon prototype de la RUA.
Cliquez ici pour lire le Document 1 sur Réflexions premières...